Crise du logement – Crise à Attawapiskat : Paul Martin regrette l’abandon de l’accord de Kelowna
L’ancien premier ministre canadien Paul Martin affirme que la crise du logement que vit la Première Nation d’Attawapiskat est le reflet des problèmes que vivent les communautés autochtones et que l’accord de Kelowna, abandonné par les conservateurs, devait régler.
« L’accord de Kelowna a été créé pour régler ces mêmes problèmes, en plus de l’éducation, l’accès à l’eau potable, aux soins de santé et l’obligation de rendre des comptes », affirme-t-il dans une entrevue au réseau anglophone de Radio-Canada.
En novembre 2005, Paul Martin, les premiers ministres des provinces canadiennes et les chefs autochtones se sont rencontrés à Kelowna, en Colombie-Britannique. Cette conférence s’est conclue avec un plan de cinq ans doté d’une enveloppe de 5 milliards de dollars pour améliorer la qualité de vie des Premières Nations, mais aussi des peuples Métis et Inuits.
Mais le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin n’a pas pu concrétiser cet accord, puisqu’il a été défait puis remplacé par un gouvernement conservateur. « Le gouvernement [conservateur] a tourné le dos aux ententes conclues avec les chefs autochtones et les premiers ministres. Le plus désolant, c’est que les 5 milliards que le gouvernement avait mis de côté ont été confisqués. C’est cinq ou six années de perdues maintenant », déplore-t-il.
Un projet de loi émanant de Paul Martin a ensuite été présenté pour demander que l’accord de Kelowna soit respecté. La tentative n’a pas été fructueuse, car les projets de loi d’initiative parlementaire ne peuvent pas contraindre le gouvernement, qui a choisi sa propre gestion des affaires autochtones.
L’ancien premier ministre souligne ne pas comprendre l’entêtement de Stephen Harper à mettre la Première Nation d’Attawapiskat sous tutelle. « La communauté envoie régulièrement les documents requis à Ottawa. Les 90 millions $ auxquels fait allusion M. Harper ne devraient pas être considérés comme un signal d’alarme si l’on considère qu’il s’agit d’une communauté isolée dans le Grand Nord, où tout coûte le double », précise-t-il.
La mise sous tutelle rejetée par la Première Nation
Des représentants de la chef d’Attawapiskat, Teresa Spence, ont demandé lundi au responsable désigné par Ottawa pour administrer la tutelle de la réserve autochtone de quitter les lieux dès son arrivée sur place.
« Le responsable de la tutelle, Jacques Marion, a voulu respecter la situation volatile et il n’est pas dans la communauté en ce moment », a expliqué le bureau du ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien, John Duncan, qui avait annoncé plus tôt le déplacement de M. Marion.
La chef Teresa Spence a estimé que le ministre John Duncan « n’écoutait pas ». Elle a affirmé vouloir travailler avec le gouvernement, mais elle ne veut rien entendre de la tutelle.